Pour des raisons qui m’échappent, les échos que mes divagations suscitent me parviennent rarement sur ce blog lui-même. C’est ainsi, que mes propos d’hier m’ont valu un mail de Philippe Hellebois, grand dix-neuvièmiste devant l’Eternel, que je m’en voudrais de ne pas reproduire ici :
Très juste le pli Ricoeur-Macron. A propos de la violence des années Macron, peut-être rajouter une remarque sur l’orléanisme ? En 1834, ont lieu émeutes et massacre de la rue Transnonain célèbre grâce à Daumier. Le centrisme (orléaniste en France) ouvre la porte à la violence parce qu’il est orienté par un réel inhumain: la plus-value. C’est son unique radicalisme. Et c’est sous la monarchie de juillet que la France commença à s’industrialiser et à rattraper l’Angleterre. Macron = Louis-Philippe, du moins c’est sa référence insue.
Voilà qui est très éclairant. C’est une erreur commune que d’identifier centrisme et souci d’équilibre, tradition de compromis, souci de modération, et mollesse. Rideau de fumée. Il y a une dureté du centrisme, une Realpolitik du centrisme qui, à l’occasion, ne doit rien à celles des extrémismes qu’il prétend repousser. Il existe un centrisme autoritaire, parfaitement capable de passer par-dessus les corps dits intermédiaires (syndicats et autres relais de la société civile), de bafouer les droits de l’homme et du citoyen, de gouverner peu démocratiquement, à coup de lois d’exception. Nous devrions en savoir quelque chose en Belgique après les années du gouvernement Michel. Libéralisme social, tu parles! Que celui-ci fut adoubé par Macron pour présider à présent le Conseil Européen est à cet égard parfaitement logique. Il sera intéressant d’entendre leurs voeux ce soir.
Honoré Daumier, Massacre de la rue Transnonain