Des hauteurs de Sao Bras de Alportel en Algarve, l’éclipse de la lune hier soir, sur un fond bleu nuit de circonstance, était fort belle à voir. On distinguait aussi en bas à droite de la lune, un invité exceptionnel : Mars , plus brillant que toutes les étoiles du firmament.
En regardant le ciel, et bien que son auteur en ait trouvé l’inspiration non dans une éclipse de lune mais du soleil, je repensais à L’eclisse , le film d’Antonioni, Celui-ci a une signification spéciale pour moi, parce qu’il est lié au terme de ma psychanalyse. A la fin du film, Antonioni délaisse complétement ses personnages ( Monica Vitti et Alain Delon ) et leur pitoyable romance. A leur rencontre manquée, ne suit que le parcours indifférent de lieux anonymes traversés par des inconnus. Dans l’esprit d’Antonioni, il semble que cette fin devait rendre sensible le désert des sentiments, la facticité et la vacuité de l’existence dans le monde contemporain. Et c’est ainsi que ces dernières minutes sont généralement considérées. J’en ai fait pourtant une autre lecture: j’ai senti un grand soulagement dans l’abandon de toute narration. C’en était assez de la tourmentante autant que complaisante rumination des ratages de toutes sortes, des insolubles regrets et du démon de l’interprétation infinie. Peu de temps plus tard, je pris congé de mon analyste: pas sur une soudaine révélation, une révolution subjective sans pareille, un satori illuminant, non, mais sur le délestage d’une histoire trop longtemps encombrante, inutilement encombrante. Basta le roman familial, les rêves stériles, et toutes ces vieilles lunes! J’y aspirais depuis des lustres, mais ce n’est pas si aisé.Ne plus se raconter d’histoires: c’était cela, l’éclipse !