De retour à Bruxelles, ce qui n’est pas jamais très facile, j’y trouve cependant une forme de consolation après la biennale de Venise ô combien décevante. C’était en effet le finissage ce dimanche de l’expo conçue par Dirk Snauwaert pour les dix ans du Wiels: The absent museum – inutile de rappeler de quel musée il s’agit. Je l’avais visitée à son ouverture, et la revoir après cette biennale insipide me permet de mieux l’apprécier. Avec dix fois moins de moyens, si ce n’est cent, voilà un ensemble autrement cohérent et convaincant que celui réuni par Catherine Macel à Venise.
Quelle a été la plus belle de mes lectures de l’été? Un livre paru en 2014 au Seuil ( dans la collection de la Librairirie du XXIème siècle) : Une image peut-être vraie. Alix Cléo Roubaud par Hélène Giannecchini. Il s’agit moins d’une biographie d’Alix Cléo Roubaud, épouse de Jacques Roubaud, disparue prématurément en 1983 (à l’âge de 31 ans) que de la tentative d’approcher, à travers son histoire certes, mais aussi au-delà de celle-ci, la manière singulière dont Alix Cléo Roubaud s’inventa un usage de la photographie qu’elle conceptualise dans des termes wittgensteiniens et qui se concrétise dans des dispositifs où son corps propre est constamment impliqué dans l’image. Ainsi cette série, admirablement commentée par Hélène Giannecchini, intitulée Quinze minutes la nuit au rythme de la respiration, photos prises avec un temps de pose d’un quart d’heure en posant l’appareil contre sa poitrine, de telle manière qu’il subit les cahots de son souffle. Images littéralement palpitantes, imprégnées de la respiration entrecoupée d’Alix, asthmatique depuis l’enfance. Autoportrait par le souffle de celle qui le perdait sans cesse.