Archives mensuelles : février 2016
Jeudi 25 février
Rien à ajouter. C’est l’intitulé de la chronique, toujours marrante, d’Alex Vizorek , que j’écoute de temps à autre le matin sur la première. Rien à ajouter, sauf que, ah oui… et c’est parti pour Vizorek et sa cueillette des perles de l’actualité du moment.
Sur le même mode, je pourrais dire que j’e n’ai rien à ajouter, sinon ceci que ce sera exotique, et carrément épatant quand, en bordure du Zwin, on pourra apercevoir, dans leur tenue jaune fluo et quelques chaînettes à leur pieds, les heureux pensionnaires du Guantanomo light de Knokke-Heist, que nous promet, dans un élan humanitaire émouvant – naturellement financé par la Fortis et avec la bénédiction de la NVA – le bourgmestre de cette pauvre commune déjà assiégée par les oiseaux migrateurs. Un Guantanamo sans torture. Ben voyons! Honni soit qui mal Lippens.
Je n’ai rien à ajouter sauf qu’on ne pourra que s’émerveiller du zèle de la ministre de la Santé, la charmante Mme Maggie de Block, qui, dans un souci plein de sollicitude pour notre équilibre mental menacé, va sans tarder mettre bon ordre dans le champ de la psychothérapie, cette autre jungle de Calais. La chasse aux psychanalystes clandestins sera réjouissante.
Je n’ai rien à ajouter sauf que, à l’horizon des événements, celui de l’astrophysique, ça se bouscule avec la découverte des ondes gravitationnelles. Mais ce qui préoccupe Hubert Reeves, entendu ce matin sur les mêmes ondes dans l’excellente et joyeuse émission Entrez sans frapper, c’est surtout la disparition des vers de terre! C’est que ceux-ci, si je puis dire, tombent comme des mouches. Ou plutôt comme des abeilles, et pour les mêmes raisons, à savoir les pesticides. 95 °/° de la belle famille des vers de terre seraient d’ores et déjà disparus, au nez et à la barbe de toutes les sociétés protectrices des animaux. Problème: les vers de terre sont aussi précieux que les abeilles transporteuses du pollen, car ils oxygénisent les sols, qui sans eux deviennent irréversiblement infertiles.
Je n’ai rien à ajouter sauf que, comme disait Marcel Havrenne, le principal reste donc à dire. Mais d’autres viendront, qui ne le diront pas non plus!
Lundi 15 février
On sort de ce microcosme qu’est une station de sports d’hiver dans le Valais. Une semaine sans autre souci que la météo – assez rude pour cette période, il faut en convenir- et le choix des pistes à descendre. Plus d’obligations, plus de responsabilités, plus de tracas, l’oubli pour règle de vie. Débilité béate. Ah! la vie simple du skieur ! Toute entière concentrée sur une seule chose: son corps et ses diverses prothèses, comme autant de membra disjecta qu’il lui faut rassembler. A savoir: ses gants, ses lunettes ou son masque, son bonnet ou son casque -et depuis l’accident de Michaël Shumacher, la majorité des skieurs portent un casque…tout comme lui ! -, sa combinaison, ses chaussures de ski, ses bâtons et enfin ses skis bienaimés, sans lesquels il n’est que le prisonnier de tout le reste.
J’ai goûté cette déconnexion, et cela d’autant plus aisément grâce aux caprices de la wifi. Et puis à la faveur d’une longue insomnie dans l’autocar du retour et de la lecture des journaux, j’ai le sentiment étrange d’avoir été coupé du monde bien plus longtemps. Je réalise l’accélération foudroyante de l’embrassement syrien, qui me fait mesurer combien depuis les attentats de Paris, l’attention phobique généralisée portée aux questions sécuritaires et identitaires nous masquent en fait l’extension du domaine de la guerre. C’est à présent un monstrueux champ de bataille, et sur une aire gigantesque, qui se dessine. Et peut-être dois-je finir par donner raison à ceux-là, de bords divers, qui comparaient – parallélisme qui me choquait profondément- la situation en Syrie avec celle de 1936 en Espagne.
Je présume que les seuls pour qui ça ne changera rien à rien seront les Suisses.