Catherine Millet, avec qui Bruno de Halleux et moi-même avions eu récemment le plaisir de nous entretenir ( cf. le numéro 103 de la revue Quarto ), était de retour hier à Bruxelles chez Filigranes pour une conversation avec Bernard Marcelis à l’occasion des 40 ans d’Artpress et de la publication d’un bel album anniversaire aux éditions La Martinière.
Une aventure peu banale que celle d’Artpress, soutenue contre vents et marées par la passion indestructible de Catherine Millet et de ceux avec qui elle a su la partager. Quelle autre revue a réussi, sur une si longue période, à se maintenir ainsi aux avant postes de la réflexion et de la création ? Je n’en vois guère, si ce n’est peut-être les Cahiers du cinéma.
Marcela Iacub a occasionnellement collaboré à Artpress. Je me suis notamment souvenu cette semaine où elle fait la une, d’un excellent article dû à sa plume à propos d’une performance de Carlos Ginzburg: Qu’est-ce que l’art ? Prostitution. La phrase est de Baudelaire dans Fusées, je le précise.
Depuis Horace, moquant les pourceaux d’Epicure, l’image du cochon pour qualifier la jouissance masculine frustre n’a rien de très original, et en vérité, n’éclaire rien. Marcela Iacub l’avait déjà ressortie dans une chronique de janvier 2013 dans Libé à propos de Gérard Depardieu. Par contre, la Dame au cochon (ou Pornocratés ), le dessin célèbre de Félicien Rops d’une femme dénudée, casquée et bottée et tenant en laisse un porcelet, dit bien quelque chose du fantasme féminin de d’hommestiquer son partenaire (l’équivoque est de Jacques Lacan).
Tout de même, comme le montre bien le mail pathétique adressé à leur client, que les avocats de DSK ont révélé au tribunal, Marcela Iacub n’est pas tout à fait la Marquise de Merteuil.